10 Juillet 2017
Ça y est, nous sommes arrivés à Ulan Bator. Voilà une épreuve de passée, ou plutôt deux car celle que j'appréhendais le plus était la précédente : dire au revoir à mes deux autres garçons. Je voudrais y consacrer juste quelques lignes car les frères de Paul nous accompagnent chaque seconde de ce voyage; pour le réaliser, je sacrifie un été à leur côté.
Elle est belle cette fratrie. Ça joue, ça crie, ça s'engueule, ça s'adore, ça se déteste mais en vrai, ça s'aime. Et comme dans chaque famille, il faut apprendre à partager l'affection et l'attention de ses parents. Sauf que chez nous, le partage est inégal, de fait. L'autisme est chronophage, l'autisme est anxiogène. Les frères de Paul ne le perçoivent pas à travers le prisme du handicap. Il est leur frère, point. Et c'est très bien ainsi. Mais je ne peux m'empêcher de voir la part d'enfance et d'insouciance que cela leur vole parfois, et le temps que je ne peux leur consacrer. Je pense à mon aîné qui m'a dit un jour qu'il fallait qu'il ait plus tard une maison assez grande pour pouvoir accueillir Paul, quand je ne serai plus là. Ou bien à mon petit dernier qui me reproche de n'avoir pas bien regardé les cahiers de son année de CP.
Mais c'est ainsi. Je leur répète tant que je peux que je les aime. Cette situation fera aussi d'eux, je le crois, des adultes ouverts, tolérants, généreux. Elle est belle cette fratrie.
Petite parenthèse. Vous êtes avec moi mes fils.