Un voyageur très patient

Étrange de reprendre l’écriture d’un carnet de voyage 20 ans après. Je me dis que j’ai nécessairement perdu la fraîcheur du premier regard, de la découverte. Mais c’est largement compensé par le fait que je regarde Paul découvrir, avec toute la candeur et la spontanéité qui le caractérise.

Samedi 8 juillet : nous atterrissons après un voyage long et ponctué de deux escales : Berlin et Moscou. Moscou est une surprise. Ce n’était pas annoncé au départ de Paris ni par l’agence de voyage. Nous avons dû sortir de l’avion, passer aux contrôles des passeports, puis au portique de sécurité en enlevant chaussures, ceinture, etc.. même Paul- fouille des bagages à main, pour ensuite reprendre nos places dans le même avion… Paul qui veut sans cesse être rassuré me demande 20 fois :” Pourquoi on fait ça maman ? “. Et bien je n’ai pas de réponse.

Le vol s’est bien passé. La peur n’a pas envahi Paul si bien que les comportements atypiques ont été assez restreints. C’est terrible mais je préviens maintenant systématiquement le personnel navigant et les voisins proches quand je voyage afin d’éviter les conflits inutiles, les remarques agressives qui malgré les années m’affectent toujours. Paul se balade donc avec cette pancarte invisible que je lui colle : soyez cool, je suis autiste.

Mon petit bonhomme s’est endormi seulement 3 heures avant l’arrivée, merci la télé. Quel dommage qu’il ne puisse profiter du spectacle de la dernière heure de vol : nous survolons la steppe qui n’en finit pas, les chaînes montagneuses et les vallées où les rivières ressemblent à de petits serpents bleus et brillants au milieu du vert et de l’ocre.

Nous arrivons un peu hagards à Oulan Bator. Saran nous accueille entourant Paul d’un khadag, écharpe de soie bleue en signe de bienvenue. Nous nous engouffrons dans un taxi pour le plus grand plaisir de mon fils pour qui les moyens de transport sont une passion. Première réaction de surprise : on ne peut pas attacher les ceintures, elles sont là à titre décoratif ! “Pourquoi la ceinture ne s’attache pas maman ? “. “Heu, parce que les mongols conduisent très bien et ont rarement des accidents. “ Silence… Paul tient donc la ceinture à la main autour de sa taille pendant tout le trajet.

La capitale a tellement changé. Les habitations ont gagné les collines environnantes. Une circulation dense encombre les rues et partout émergent de hautes tours. Le vieux monde côtoie le nouveau, quartiers de yourtes, voierie defoncée, multitudes de commerces dont certains en tôle et centres commerciaux flambants neufs affichant des publicités Louis Vuitton.. Paul est absorbé par la circulation. Nous arrivons chez Delguee, maman de Saran, qui nous accueille avec toute la chaleur et la gentillesse de l’hospitalité mongole.

Mais le programme est chargé. Quelques heures de repos et nous partons en direction de Saïnshand, dans le désert de Gobi afin de pouvoir être rentrés à UB pour les 3 jours de festivités du Naadam.